Il y a neuf ans, avec l’aide d’organisations non gouvernementales, Saul Luciano Lliuya, agriculteur du village de montagne de Huaraz, a décidé de poursuivre la société énergétique allemande RWE soutenant que le changement climatique pourrait provoquer un raz-de-marée causé par le lac glaciaire Palcacocha qui toucherait sa maison au pied des Andes.
M. Lliuya accuse RWE, important pollueur de gaz à effet de serre, d’avoir considérablement amplifié le danger lié aux gaz à effet de serre par ses émissions nuisibles au climat. Il affirme que l’entreprise doit assumer sa responsabilité et contribuer aux coûts de protection de sa maison et de son village.
Cette affaire repose essentiellement sur le principe du pollueur-payeur, explique l’avocate Roda Verheyen, qui représente M. Lliuya dans cette procédure se déroulant dans une ville du Nord-Ouest de l’Allemagne, Hamm. « Il y a quelqu’un qui fait quelque chose — cela peut être permis, cela peut être interdit — mais cela entraîne des conséquences vraiment incroyablement grandes et inacceptables, dans ce cas, le changement climatique. »
Le Service international de diffusion de l’Allemagne (DW) explique, dans un article paru le 17 mars 2025, que, selon une étude de 2014 réalisée par Greenpeace et le programme de droit environnemental Climate Justice Program, RWE est responsable de 0,47 % des émissions nuisibles au climat depuis le début de l’industrialisation.
Sur cette base, M. Lliuya demande à ce que l’entreprise contribue à hauteur de sa part dans le financement des mesures de protection. Celles-ci incluent des systèmes de drainage permettant à l’eau de fonte de s’écouler du lac glaciaire et un agrandissement du barrage.
Le DW rapporte également que lors de l’audience qui s’est tenue fin mars 2025, la Cour d’appel de Hamm devait déterminer si la maison de M. Lliuya est réellement menacée par des inondations et, le cas échéant, dans quelle mesure RWE peut en être tenu responsable.
Le service de presse de l’OLG a annoncé le 2 avril 2025 que la décision de la Cour d’appel serait rendue lors de l’audience agendée au 28 mai 2025.
Pour Saul Luciano Lliuya, cette affaire représente un combat contre le changement climatique et la fonte des glaciers, ainsi qu’une manière de « tenir responsables ceux qui ont causé les dommages ».
Selon L’association Notre Affaire à Tous, malgré que cette affaire soit encore en cours, elle marque déjà un tournant important dans le combat juridique contre le changement climatique. Pour la première fois, un tribunal a reconnu qu’une entreprise privée pouvait, en principe, être tenue responsable des préjudices liés au changement climatique, en fonction de sa part de contribution. Par ailleurs, il s’agit de l’une des premières affaires climatiques à avoir atteint le stade de l’appréciation des preuves.
L’article de DW peut être consulté ici, l’article de Zonebourse ici et l’article de Notre Affaire à Tous ici.
Anaïs Savigny