L’Alliance climatique suisse, tout comme plusieurs associations dans leurs pays respectifs, a déposé le 2 novembre 2022 une plainte auprès de la Commission suisse pour la loyauté, rapportent de nombreux journaux suisses et internationaux. L’Alliance climatique suisse regroupe plus de 140 associations membres, rappellent le Blick et le média en ligne Nau.ch. Comme le relèvent Le Temps et Le Courrier, elle s’est appuyée sur le travail d’Avocat.e.s pour le climat pour déposer sa plainte.

Le constat de l’organisation est clair : la communication de la FIFA autour d’une Coupe du monde prétendument « entièrement neutre sur le plan climatique » ne respecte pas les règles en matière d’utilisation d’arguments environnementaux dans un but publicitaire, applicables devant la Commission suisse pour la loyauté. Les principes en question sont pourtant clairs, relate le Corriere del Ticino.

Comme le rappelle toutefois Le Courrier, même en cas d’admission de la plainte, la décision de la Commission suisse pour la loyauté ne serait pas contraignante pour la FIFA. Me Quentin Cuendet, membre fondateur de l’association Avocat.e.s pour le climat interrogé par Le Courrier, estime cependant que la Fédération aurait, en termes d’image, tout intérêt à suivre la recommandation qui sera le cas échéant émise par la Commission.

Incompatibilité entre la Coupe du monde 2022 et la neutralité climatique

Reprenant de nombreux éléments de la plainte formulée par Avocat.e.s pour le climat pour le compte de l’Alliance climatique suisse, Le Temps, Le Matin Dimanche et Le Courrier évoquent la construction de nombreux stades climatisés ou les shuttle flight reliant les hôtels aux stades comme éléments permettant de douter de la neutralité climatique promue par la FIFA.

Le Matin Dimanche, citant un policy officer de l’ONG Carbon Market Watch (sur laquelle se fonde une partie des allégations de l’Alliance climatique suisse dans sa plainte) et le fondateur d’une association promouvant une transition écologique dans le football, rappelle que les émissions incriminées ne sont pas uniquement liées au pays hôte, mais également à l’organisation même d’une Coupe du monde. Pas d’acharnement sur le pays donc, mais des chiffres qui laissent songeurs, et qui font largement douter les différents experts interrogés par le journal romand.

Dans d’autres pays également

En France, Ouest France et le média en ligne Novethic rapportent que c’est l’ONG Notre Affaire à tous qui a saisi le Jury de déontologie publicitaire pour greenwashing. Ces mêmes journaux citent le délégué général de l’ONG, qui insiste sur l’incompatibilité d’une telle Coupe du monde avec une prétendue neutralité climatique.

Au Royaume-Uni, c’est The New Weather Institute qui a posé une plainte contre la campagne publicitaire de la FIFA, rapporte la BBC. Le journal britannique, tout comme le délégué général de Notre Affaire à tous cité par Ouest France, évoque longuement les raisons de l’incompatibilité d’un tel événement avec la neutralité carbone.

Ouest France rapporte également que des joueurs et joueuses de football ont parallèlement demandé à la FIFA, dans une lettre ouverte, de revenir sur son affirmation de neutralité et de privilégier les réductions d’émissions plutôt que la compensation carbone. Finalement, Novethic rappelle que le boycott de la Coupe du monde est encouragé par plusieurs personnalités du football, notamment d’anciens grands joueurs tels qu’Éric Cantona ou l’allemand Philipp Lahm.

La plainte formée par l’Alliance climatique suisse est disponible ici (en PDF).