La Mar Menor devient la première zone naturelle d’Europe dotée d’une personnalité juridique propre

Le 12 septembre 2022, le Sénat espagnol a accordé la personnalité juridique à la Mar Menor, une lagune d’eau salée située sur la côte méditerranéenne espagnole en Murcie. L’Espagne devient ainsi le premier pays de l’Union Européenne à introduire des « droits de la Nature » dans son système juridique. Toute personne pourra ainsi intenter une action en justice au nom de la lagune.

A partir des années 1970, l’écosystème de la lagune la plus importante de la Méditerranée s’est progressivement effondré. Selon Le Monde, l’urbanisation et l’intensification des activités agricoles ont contribué à cette détérioration. En effet, l’accumulation continue d’engrais provenant des terres voisines a entraîné le développement de graves problèmes dans la lagune.

Le mouvement pour la reconnaissance de la personnalité juridique a débuté en 2019 avec la mort de milliers de poissons au rivage de la Mar Menor. Dans un premier temps, le conseil municipal de Los Alcázares a déposé une proposition au Parlement régional de Murcie qui n’a pas abouti. Dans un second temps, Teresa Vicente Giménez, Professeure de droit à l’Université de Murcia, a lancé une initiative législative populaire qui a permis d’interpeler le Congrès espagnol puis le Sénat, avec succès.

La question de la reconnaissance de la personnalité juridique d’un écosystème se pose dans plusieurs régions du monde. En Suisse, l’Appel du Rhône demande à faire reconnaître le fleuve en tant qu’entité naturelle jouissant d’une personnalité juridique.

L’article du Courrier international est disponible ici.

Volkswagen AG : première entreprise d’Europe actionnée par ses propres actionnaires en raison de l’incohérence de sa politique climatique

Volkswagen AG (VW) a été actionnée en justice par plusieurs fonds de pensions suédois, danois et anglais faisant partie de son actionnariat. Ce que ces investisseurs reprochent à VW, rapporte ClientEarth, c’est de jouer sur les deux bords : d’une part, l’entreprise promeut la transition vers une économie verte ; de l’autre, en tant que membre de nombreuses associations automobiles et commerciales, elle exercerait un lobbyisme incompatible avec ses idées écologiques.

Pour dissiper cette crainte, les actionnaires ont tenté, en vain, d’obtenir plus d’informations. Selon ClientEarth, les investisseurs susmentionnés ont décidé d’agir en justice après s’être vu opposer le véto de l’entreprise concernant l’introduction d’un point à l’ordre du jour de l’assemblée générale annuelle. La procédure doit détermine si Volkswagen AG avait le droit de refuser. Ainsi, une décision favorable aux investisseurs ne signifierait pas de facto des mesures écologiques plus fortes ou l’abandon du lobbyisme polluant de VW, mais améliorerait la responsabilité et la transparence des entreprises pour les actionnaires des sociétés allemandes.

L’article de ClientEarth, avec les interventions des fonds de pensions concernés, est disponible ici.

Des centaines de professeur·e·s et scientifiques portent plainte pour greenwashing contre le fond de placement américain TIAA

Le 19 octobre 2022, 299 client·e·s soutenu·e·s par l’association TIAA Divest et le Center for International Environmental Law (CIEL) ont introduit une plainte contre le fonds de pension TIAA (Teachers Insurance and Annuity Association) et sa filiale de gestion des investissements Nuveen pour violation des Principes pour l’investissement responsable (PRI). 

Les plaignant·e·s allèguent que les investissements substantiels de TIAA et Nuveen dans les combustibles fossiles et les matières premières liées à la déforestation violent leurs engagements en tant que signataires des PRI et sont incompatibles avec les objectifs de l’Accord de Paris. 

Partant, les plaignant·e·s enjoignent notamment TIAA et Nuveen à mesurer et à divulguer l’ensemble des émissions de leur portefeuille, à établir un moratoire sur les nouveaux investissements dans les combustibles fossiles, à renoncer à leurs investissements existants dans les combustibles fossiles d’ici à 2025 dans une mesure compatible avec un maintien du réchauffement climatique en deçà de 1,5 °C et à mettre fin à l’expropriation de terres entraînant la déforestation et des atteintes aux droit humains. 

Le communiqué du CIEL est disponible ici

L’ONG ClientEarth annonce son action contre la région du Latium (Italie centrale) pour lutter contre l’exploitation intensive de noisettes

Situé à moins de 100 km au nord de Rome, le Lac de Vico est entouré de zones protégées par l’Union européenne en raison de leur riche biodiversité. ClientEarth rapporte toutefois que celle-ci est menacée par l’industrie de la noisette, qui a fait de la région du Latium une aire de production intensive, notamment grâce aux investissements massifs du groupe Ferrero (Nutella, Kinder, etc.). Pour ce faire, quantité de fertilisants et pesticides sont utilisés, ayant pour conséquence directe un fort impact sur le Lac de Vico et la nature environnante. Concrètement, les habitants de certaines villes n’ont, pour cette raison, plus d’accès direct à l’eau potable, et l’exploitation agricole future de la région est menacée.

ClientEarth a ainsi décidé de s’allier à l’organisation de protection de la nature et des oiseaux BirdLife Italy afin d’actionner en justice la région du Latium, les autorités du service des eaux, ainsi que deux communes, pour qu’elles se conforment à la législation européenne et nationale en protégeant efficacement le Lac de Vico et les personnes qui dépendent de ses ressources.

L’annonce de ClientEarth est disponible ici.

Un agriculteur soutenu par Greenpeace demande la réduction des émissions du groupe Volkswagen devant les juridictions allemandes

L’agriculteur allemand Ulf Allhoff-Cramer s’appuie sur un arrêt de 2021 de la Cour constitutionnelle allemande, qui fait de la protection du climat un droit fondamental, pour tenter de contraindre le groupe à ne plus vendre que des voitures électriques à partir de 2030. D’ici-là, il réclame également une baisse des émissions de CO2 de 65% par rapport à 2018.

Greenpeace considère que Volkswagen n’a pas pris en compte les avertissements, formulés depuis 1983, concernant les dangers des émissions de gaz à effet de serre. Selon l’agriculteur, les sols plus secs et les pluies plus abondantes dus au changement climatique nuisent à son activité. Il considère que Volkswagen est en partie responsable de cette situation, car la production massive de véhicules fonctionnant à l’essence et au diesel contribue de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Selon Geo, le groupe Volkswagen estime la requête infondée et ajoute que « dans un système démocratique, les décisions majeures sont à prendre par le législateur ».

Durant la première audience en mai 2022, les juges du tribunal de Detmold ont demandé au plaignant de fournir des détails supplémentaires pour étayer ses arguments juridiques. Le 9 septembre 2022, les juges ont à nouveau demandé des informations supplémentaires et fixé une nouvelle audience au 3 février 2023.

Des procédures similaires ont été introduites à l’encontre des autres grands constructeurs allemands Mercedes-Benz et BMW.

Le Comité des droits de l’Homme de l’ONU déclare l’Australie coupable de la violation des droits humains des habitants des îles du Détroit de Torrès

En 2019, des habitants des îles du Détroit de Torrès, particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, ont déposé une action contre l’Australie devant le Comité des droits de l’Homme de l’ONU. ClientEarth rapporte que ces habitants reprochent au gouvernement de ne pas avoir agi contre le réchauffement climatique, qui a causé, entre autres, de multiples inondations et l’érosion de la faune et la flore marine entourant l’île.

Cette inaction constituerait, aux yeux des demandeurs, une violation de leur droit à la vie, à la famille et à leur vie culturelle en tant que minorité ; autant de droits qui sont protégés par le Pacte de l’ONU sur les droits civils et politiques.

Le 23 septembre 2022, le Comité des droits de l’Homme de l’ONU a accepté cette requête. The Guardian rapporte que les griefs de droit à la famille et à la vie culturelle ont été retenus, mais pas celui concernant le droit à la vie. Cela a toutefois suffi pour que le Comité ordonne à l’Australie de compenser les dommages subis par le peuple des îles du Détroit de Torrès et d’agir pour protéger l’existence de ces communautés. ClientEarth insiste sur le caractère unique et important de ce procès qui est une première sur toute la ligne : première violation des droits humains par un pays en raison de son inaction climatique, première nation rendue responsable pour ses pollutions sous l’angle des lois sur les droits de l’Homme, et premier peuple indigène dont il est admis que le droit à la vie culturelle est mis en danger par le changement climatique. L’avocate de ClientEarth qui représentait ces habitants décrit ce procès comme une victoire historique, tant pour la justice climatique que pour les populations les plus vulnérables.

L’article de ClientEarth est disponible ici et celui de The Guardian ici.