En septembre dernier, les associations Oil Change International et Zero Carbon Analytics ont publié Big Oil in Court, un rapport retraçant l’évolution des procès climatiques contre les entreprises fossiles. Depuis l’Accord de Paris en 2015, le nombre de ces litiges a triplé chaque année, traduisant un effort global pour tenir les géants de l’énergie fossile responsables du dérèglement climatique. En effet, ces derniers sont à l’origine de 69 % des émissions humaines de CO₂.
Le rapport recense 86 cas ciblant des leaders de la production d’énergie non renouvelable comme TotalEnergies, Shell ou ExxonMobil. Plus de la moitié de ces affaires sont américaines (58 %), et près d’un quart sont européennes (24 %). Ces procès portent principalement sur trois axes : l’indemnisation des dommages causés par le réchauffement climatique, des accusations de greenwashing et des obligations de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Les procès pour publicité mensongère sont particulièrement prometteurs : parmi les neuf affaires recensées, huit ont mené à la condamnation des entreprises accusées ou au moins à leur rétractation.
Ces procès représentent une pierre angulaire de la justice climatique. Ils permettent de pousser les autorités à instaurer des politiques climatiques plus ambitieuses et de demander des comptes aux acteurs les plus responsables, comme les entreprises spécialisées dans les énergies fossiles. Les procès climatiques sont toutefois loin de se limiter aux affaires impliquant les entreprises pétrolières. De nombreux Etats sont directement actionnés, tout comme des acteurs de la finance qui utilisent, eux aussi, le greenwashing pour promouvoir leurs produits. Certaines affaires, comme celle remportée par les Aînées pour le Climat contre la Suisse à la Cour européenne des droits de l’Homme, marquent déjà des victoires importantes dans ce combat.
Le communiqué de presse de Big Oil Change peut être consulté ici ; leur rapport ici.
Alexandra Bonnafy